Eduquer à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité : Un programme ambitieux
Brimades, actes d’intimidation et de répression, sexismes ordinaires, (cyber)violences, discriminations, autant de situations urgentes, qui se produisent à l’école, dans l’espace public, en ligne, qu’il s’agit d’identifier, de caractériser, de repérer et de prévenir !
Pour garantir un climat scolaire serein, essentiel au bien-être et à l’épanouissement de tous les élèves, les enseignants doivent connaître les contenus des programmes à transmettre aux élèves et en informer les parents.
Forprof – conformément à son éthique d’accompagnement, vous propose ses conseils de mise en œuvre.
- Marie-Béatrice MAINGRAUD, conseillère pédagogique et référente Historie, Géographie et Enseignement Moral et Civique (EMC) chez ForProf
Éducation à la Vie Affective, Relationnelle, et à la Sexualité : Quoi ?
L’éducation à la sexualité se déploie de manière progressive de l’école maternelle jusqu’aux classes du lycée, à travers une approche globale, positive et bienveillante : elle prend la forme d’une éducation à la vie affective et relationnelle à l’école primaire et d’une éducation à la vie affective et relationnelle, et à la sexualité au collège et au lycée.
À l’école primaire, l’éducation relationnelle contribue à la transmission des valeurs fondamentales (respect de soi et des autres), à la promotion de l’égalité filles-garçons, à la prévention des discriminations et à la protection (des autres – de soi – du corps) contre toutes les formes de violence.
Les contenus relèvent à la fois, du champ biologique (le corps – la reproduction) et des domaines psychoaffectif et social (le respect, la reconnaissance de ses émotions et celles des autres, l’empathie).
Des questions, telles que l’égalité, l’amitié, les sentiments amoureux, l’intimité, la puberté, le consentement, les violences sexistes et sexuelles (envers les femmes, principalement) ou encore les diversités, la dignité, les droits humains, seront abordées dans un cadre interdisciplinaire.
EVAR-S : Comment ?
Des programmes progressifs, adaptés à l’âge des élèves, sont parus dans le BO du 6 février 2025. Ils déterminent des objectifs et proposent des modalités didactiques et pédagogiques au travers d’au moins trois séances annuelles spécifiques obligatoires.
L’éducation relationnelle et affective est adaptée au développement des élèves, la sexualité n’étant pas abordée avant le collège. On ne peut nier, cependant, l’intrusion des médias dans la sexualisation de l’enfance qui contribue à un contexte culturel dans lequel les images non consensuelles sont normalisées. Il est donc nécessaire de se préparer à ce que ces thématiques émergent chez les plus jeunes lors des échanges.
C’est pourquoi, établir un lien avec l’enseignement des compétences psychosociales (CPS) dans le cadre de l’enseignement moral et civique, des 10 heures annuelles dédiées à la prévention du harcèlement (pHARe), ou des cours d’empathie, généralisés à l’école primaire depuis la rentrée 2024, constitue un travail incontournable en équipe.
Dès la petite section, tous les enseignants d’une école, d’un cycle doivent s’impliquer pour élaborer une progression de l’EVAR-S, adopter des références et un lexique communs, et décider du choix des partenaires de confiance, référents pour les élèves.
Modalités didactiques et pédagogiques ?
Si un kit pédagogique est mis à la disposition des professeurs pour les cours d’empathie, des repères pour la mise en oeuvre de l’EVAR-S sont publiés pour les aider à anticiper, à concevoir et animer les séances, à réagir de manière adaptée en cas de révélation de violences et à communiquer et rassurer les familles.
Des progressions présentées dans les programmes du MEN permettent d’élaborer une programmation de l’éducation à la vie affective et relationnelle au sein de chaque école pour préciser les apprentissages spécifiques dans le champ biologique et ceux relevant des domaines psychoaffectif et social.
En maternelle, l’ensemble des activités et des apprentissages portent sur le respect du corps et de l’intimité, l’identification des différents types de sentiments dans sa relation à l’autre, voire sur l'identification d’une personne de confiance (adulte, enfant) pour faire appel à elle en cas de besoin. Au travers de jeux (colin-maillard) ou de la pratique du théâtre de marionnettes, les élèves expérimentent la notion de confiance et de respect de l’autre. Les professeurs doivent manifester une vigilance soutenue pour repérer des enfants en danger.
En cycles 2 et 3, les modalités pédagogiques s’attachent à la promotion des relations égalitaires, à la compréhension des changements de son propre corps et de celui des autres (dus à la puberté), aux repères et à l’autoprotection des violences sexistes et sexuelles (consentement), à la découverte des règles et des principes de la vie en groupe et en société.
Les élèves apprennent à développer des relations constructives en s’appuyant sur divers supports, tels que : -
- l’analyse de situations concrètes pour distinguer le harcèlement, les propos sexués (pleurs interdits pour les garçons, jeux de ballon interdits aux filles), l’intimidation, les disputes et les moqueries
- la régulation de l’espace, cour de récréation et l’organisation de son fonctionnement en fonction de règles précises
- la littérature de jeunesse pour aborder les sentiments
- l’art, les médias ou la publicité pour analyser les représentations et la mise en scène du corps, du genre et de la sexualité
- les échanges autour de la puberté, l’émergence du désir et des relations amoureuses (au cycle 3 particulièrement)
Dans les situations où la sexualité est ouvertement évoquée, les enseignants ne doivent pas hésiter à faire appel à des partenaires extérieurs, tels que des associations spécialisées, formées et agréées.
Coéducation ?
L’éducation à la vie relationnelle, affective, et à la sexualité nécessite un engagement collectif qui est une condition de la réussite de tous les élèves. L’école enseigne l’EVAR-S en complément du rôle des familles sans se substituer à leurs responsabilités de parents.
Une information préalable (réunion de prérentrée, par exemple) peut répondre aux questionnements et lever les inquiétudes. Une bonne information évite les fausses croyances. L’EVARS, les connaissances à propos du corps, des sentiments, des relations doivent être expliquées aux parents. Il s’agit d’évoquer le lexique employé, les thématiques abordées, les supports utilisés et les activités mises en pratique.
L’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle ne se résume pas à un « cours » donné à l’école. C’est un processus continu, mené par petites touches, au fil des années. Chaque parent peut et doit jouer un rôle.
- Marie-Béatrice MAINGRAUD, conseillère pédagogique et référente Historie, Géographie et Enseignement Moral et Civique (EMC) chez ForProf
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Ressources utiles :
- Mettre en œuvre le programme EVAR/EVARS : https://eduscol.education.fr/2083/mettre-en-oeuvre-le-programme-evarevars
- Référentiel des compétences psychosociales - Santé publique France : https://www.santepubliquefrance.fr/docs/les-competences-psychosociales.-un-referentiel-operationnel-a-destination-des-professionnels-experts-et-formateurs-cps.-tome-i
- Kit pédagogique pour les séances d'empathie à l'école - Eduscol : https://eduscol.education.fr/document/60960/download
- Education à la sexualité - Exemples de séquences pour le cycle 3 : https://eduscol.education.fr/document/42988/download
- Missions des infirmiers-ières de l'Education nationale (interventions à l'éducation à la sexualité) : https://www.education.gouv.fr/bo/15/Hebdo42/MENE1517121C.htm
- Associations :
https://www.sesame-educ.org/association/nos-activites.html
https://www.leplanning13.org/intervention/education-a-la-sexualite-en-milieu-scolaire/